Lutte antiterroriste : Jean-Charles Mille (Premium Films) rend à l’État une partie des subventions qu’il a reçues
Jean-Charles Mille, directeur de la société Premium Films, a décidé de verser 5000 euros au Trésor public pour participer à l’effort de guerre contre le terrorisme islamique, comme il l’a signifié dans une lettre à Michel Sapin, ministre des Finances et Comptes publics :
Une démarche louable à première vue, même si son intention de la médiatiser laisse penser qu’il s’agit moins d’un acte désintéressé que d’une façon de se donner bonne conscience à peu de frais. Le respect aux 129 victimes des attentats de vendredi dernier aurait peut-être justifié une certaine discrétion en la matière.
Le second problème de son initiative, c’est qu’un chèque au Trésor public ne garantit en rien que les 5000 euros seront effectivement affectés à la lutte contre le terrorisme islamique. Le budget de l’État est un vaste tonneau des Danaïdes où tout est mis en commun pour financer tout… et souvent n’importe quoi.
Ajoutons que, comme nous l’avons rappelé, le seul moyen de renforcer la sécurité des Français n’est pas d’augmenter encore les impôts, mais de baisser les dépenses publiques dans les ministères non-régaliens et les collectivités territoriales pour se donner les moyens financiers de les augmenter dans la police, l’armée et l’administration pénitentiaire.
Premium Films : 15.500 euros de subventions du CNC en 2014
Le troisième et principal problème que soulève l’initiative de Jean-Charles Mille est que Premium Films, qui commercialise des films français à l’étranger, est subventionnée au titre de la politique culturelle de la France. En 2014, cette société a perçu 15.500 euros de subventions du seul Centre national du Cinéma (CNC) :
Ainsi, les 5000 euros versés — ou plutôt reversés — au Trésor public ne représentent qu’un petit tiers des subventions du CNC. Nous avons joint au téléphone Unifrance, qui « promeut » (traduire : aide financièrement) les films français en vue de leur exportation et affirme que Premium Films a également bénéficié d’aides de sa part, sans pour autant fournir de montant alloué.
La prochaine fois, M. Mille, plutôt que d’acheter des indulgences à l’État français et d’appeler à grands renforts de presse les pauvres pécheurs que nous sommes à suivre votre vertueux exemple, pourquoi ne pas, plus simplement, refuser les subventions dont vous bénéficiez ?
Réponse de Jean-Charles Mille, directeur de Premium Films (reçue par courriel) :
Bonjour M. Mille,
Merci pour votre réponse.
Le CNC est un établissement public à caractère administratif français, placé sous l’autorité du ministère de la Culture.
Il est financé par des taxes dont le montant, la quotité et l’assiette sont fixés par la loi de finances, dans le budget du ministère de la Culture.
Il s’agit donc bien de fiscalité et d’argent public. La preuve en est que les collecteurs (cinémas, chaînes de télévision, services de vidéos à la demande) ne peuvent s’y soustraire, sous peine d’amendes et de poursuites judiciaires.
Bien cordialement,
Contribuables Associés