Le 10/11/2015

Opéra de Paris : 40.000 euros pour un syndicaliste fantôme

L'Opéra national de Paris verse 40 000 € par an au syndicat Synptac-CGT pour indemniser un syndicaliste qui n'est pourtant pas salarié de l'établissement public.

Rappel : Opéra de Paris : 52 000 euros de téléphone pour un délégué syndical

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Source : LeParisien.fr

Opéra de Paris

Difficile de trouver un collègue qui le connaisse. Alors que Patrice M. est censé œuvrer pour le bien des salariés de l’Opéra national de Paris, son nom ne dit rien à personne dans les couloirs du Palais Garnier et de l’Opéra Bastille.

Au standard, aucun numéro de téléphone interne ne mène à lui. Même la direction de l’établissement public avoue ignorer son existence. Le hic, c’est que l’Opéra national de Paris a versé 40 000 € par an à la CGT depuis 2013 pour indemniser un syndicaliste… fantôme. Une étonnante situation détaillée dans une note interne que « le Parisien » – « Aujourd’hui en France » s’est procurée.

Dans ce document présenté en conseil d’administration fin 2013, le directeur des ressources humaines de l’époque écrit que l’équivalent d’un temps plein (151,67 heures par mois) est versé à la CGT sous la forme d’une « contribution » « aux fins de mandatement de Monsieur Patrice M., salarié de la CGT ». Faut-il s’étonner que l’Opéra, un organisme public, verse de l’argent à une fédération syndicale pour payer le salaire d’une personne qui n’y est pas salariée ? En interne, certains connaisseurs du dossier se sont visiblement posé la question. Ainsi, fin 2013, un administrateur de l’Opéra signalait au titre de « l’article 40 » cette situation au parquet de Paris, un signalement resté sans suite. Un an plus tard, c’est le syndicat FSU qui, dans une lettre adressée à la direction, estimait  : « Le versement de la contribution financière à la CGT pourrait constituer un détournement de fonds. »

«La Cour des comptes n’a rien eu à redire là-dessus»

« Cette contribution est prévue par un accord social. Tout cela a été visé par le contrôleur financier et par la Cour des comptes, qui n’a rien eu à redire là-dessus », conteste Erwan Le Roux, délégué syndical CGT de l’, précisant que c’est le Syndicat national des professionnels du théâtre et des actions culturelles (Synptac-CGT) qui encaisse les sommes. Effectivement, le montage a été entériné par un accord social daté de 2010, signé par trois organisations syndicales (CGT, CFDT et FO) « Un accord légal », précise, un peu gênée, la direction de l’entreprise, tout en ajoutant que la question de sa renégociation est ouvertement posée… L’accord de 2010 précise cependant  : « L’action de ce salarié mandaté devra être réalisée dans l’intérêt du personnel de l’Opéra national de Paris. » Secrétaire général du Synptac et régisseur d’un théâtre dans une ville du centre-ouest de la France, quelles « actions » a donc mené Patrice M. en faveur des salariés grâce aux 151 heures par mois payées par l’Opéra ? Contacté par téléphone, ce dernier estime qu’il a participé à un « dialogue social » avec l’ancienne direction.

Comment expliquer que personne à l’Opéra de Paris n’ait jamais entendu parler de son existence ? « C’est parce que les gens ne sont pas curieux », répond-il avec aplomb. Lorsque notre journal lui demande : « Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez pour les salariés de l’Opéra ? », la réponse est des plus évasives : « Je m’en souviens bien », esquive-t-il, goûtant peu, visiblement, notre curiosité. Ainsi, lorsque nous avons interrogé Patrice M. sur les réunions auxquelles, selon ses dires, il a précisément participé, le silence est de mise. « Bah, vous ne saurez pas. Au revoir et merci », lâche-t-il juste avant de raccrocher…

Publié par Rédaction le 10/11/15

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