L’ancien conseiller de Hollande Faouzi Lamdaoui relaxé pour vice de forme !
Rappel : Un conseiller de Hollande accusé d’abus de biens sociaux
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Source : Libération
Un camouflet pour le parquet de Paris. Mardi, le tribunal correctionnel a relaxé Faouzi Lamdaoui pour vice de forme. Les juges n’ont même pas pris le temps d’examiner le fondement des poursuites, une affaire de fausses factures et d’abus de biens sociaux au sein d’une boîte de coursiers pour laquelle le procureur avait requis dix-huit mois de prison avec sursis contre cet homme à tout faire de François Hollande, stigmatisant des «pratiques de voyou qui doivent être sanctionnées». Le tribunal s’est contenté de pointer que l’accusation «n’a pas respecté les exigences d’une procédure équitable».
C’est toute l’histoire d’une très curieuse enquête préliminaire, ouverte par le parquet en avril 2012, un mois avant l’élection présidentielle. Histoire de chercher des poux au candidat socialiste ? Elle n’ira pas bien loin, clôturée quelques mois plus tard. Avant d’être relancée en janvier 2013, sous la présidence de François Hollande. On ne pourra pas dire que le parquet est aux ordres du nouveau pouvoir socialiste… Sauf que cette nouvelle enquête préliminaire s’engage curieusement. Le procureur de Paris donne instruction à ses policiers enquêteurs de ne pas auditionner Lamdaoui en personne (qui travaille alors dans une annexe de l’Elysée avec le statut de conseiller présidentiel), comme s’il marchait sur des œufs. L’enquête se déroule à la bonne franquette, sans la moindre garde à vue d’autres personnes mises en cause. «Les enquêteurs ont visiblement choisi des modes d’audition ayant permis d’écarter le droit à l’avocat», pointe à ce propos le jugement correctionnel.
Sabotage organisé ?
Après moult prétextes dilatoires, «M. Lamdaoui se déclare très occupé mais s’engage à nous recontacter, un message clair lui a été laissé en vain», consignent les policiers, il est enfin entendu officiellement en juin puis octobre 2014. Sous le nouveau régime de «l’audition libre», instauré depuis peu sous la pression de la CEDH puis de la Commission européenne : même libre, la personne auditionnée bénéficie désormais des mêmes droits qu’un suspect placé en garde à vue. Manifestement peu accoutumés à cette nouveauté, les enquêteurs se sont alors mélangé les pinceaux : «Faouzi Lamdaoui s’est vu notifier le droit de quitter le service à tout moment, mais pas celui de se taire», souligne le jugement correctionnel. Boulette de forme, suivie d’un problème de fond : la méthode d’enquête du parquet de Paris dans le dossier Lamdaoui, tout en prudence, «interdisait matériellement aux mis en cause de comprendre l’étendue exacte des accusations» et donc de les contester en cours de procédure.
Simple erreur de procédure ou sabotage organisé ? Francis Terquem, avocat d’une partie civile (une femme dont Faouzi Lamdaoui aurait imité la signature pour la désigner gérante de paille) est convaincu de la seconde branche de l’alternative : «Ce jugement mérite beaucoup d’honneur et consacre la thèse selon laquelle le parquet a saboté cette affaire. Car bien évidemment, le parquet savait que le tribunal allait examiner sa procédure à la loupe.» L’avocat de Faouzi Lamdaoui, Jean-Pierre Mignard, a fait son job en contestant la forme : «Je m’étonne qu’un tribunal correctionnel soit mobilisé sur une affaire aussi bénigne. Laissons travailler le fisc…» Mais cet intime de Hollande, n’est pas dupe : «Pas de doute, les enquêteurs ont cherché de ce côté-ci, mais n’ont rien trouvé.» Le parquet de Paris, humilié en place publique, a dix jours pour faire appel et tenter de sauver l’honneur.