Le 17/08/2015

La SNCF paie l’un de ses agents à ne rien faire

Charles Simon, un cadre de la SNCF de 55 ans, a découvert en 2003 une fraude de 20 millions d'euros au préjudice de son employeur. Depuis, il est mis à la disposition de la compagnie ferroviaire sans être affecté.

Une illustration de ce dont nous parlions dans le numéro 11 (juin/juillet 2015) des Enquêtes du contribuable, « SNCF : ça déraille ! ».

***

Source : L’Express.fr

un-employe-de-la-sncf-aide-les-voyageurs-lors-d-une-greve-a-la-gare-montparnasse-le-20-juin-2014_5389871

L’histoire ne va pas aider à redorer le blason de la SNCF. Depuis 2003, la compagnie ferroviaire verse un salaire de près de 5500 euros brut par mois à Charles Simon, sans pour autant lui donner la moindre affectation relate Le Point.

Pour ce cadre supérieur de 55 ans tout commence il y a 12 ans lorsqu’il est détaché auprès de la filiale Geodis Solution, société de transport et de logistique. Il y découvre « une fraude de 20 millions d’euros au préjudice de la SNCF » qui concernerait notamment la construction du TGV Nord explique-t-il à l’hebdomadaire. Une fois sa hiérarchie au courant, la décision est prise de le mettre à disposition de la SNCF. Sauf que depuis, il assure avoir des rendez-vous avec les RH sans pour autant être affecté à un nouveau poste.

Pas mis en retraite

Une situation que Charles Simon ne supporte plus. Il a beau prévenir Guillaume Pepy par lettre, il n’obtient aucune réponse hormis de quelques politiques comme la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann qui le désigne comme un « lanceur d’alerte » ou Nicolas Dupont-Aignant qui réclame une « réparation du préjudice ».

Le quinquagénaire n’a pas été mis à la retraite, alors que son âge le permet. Une situation délicate visiblement puisque la SNCF n’a pas voulu s’étendre sur la question, expliquant être en lien contractuel avec l’agent.

Ce vendredi, la SNCF précise que cet employé n’a déposé aucune plainte contre la mauvaise gestion qu’il dénonce, et considère l’attitude de Charles Simon « comme mal intentionnée », précisant qu’il a « refusé toutes les solutions proposées, reclassement ou négociation financière pour quitter l’entreprise », selon un porte-parole du groupe.

Le groupe public, qui n’est pas en capacité de mettre quelqu’un à la retraite d’office, ne peut pas non plus le licencier, puisque Charles Simon est employé « au statut cheminot, qui interdit le licenciement », souligne le porte-parole.

« Si on me propose un poste, je demande un dédommagement »

La SNCF a précisé mettre fin à toute négociation sans lui verser « un euro de dédommagement » et annonce que le saint-quentinois qui a fait l’école des Mines et l’ESSEC « sera affecté à un nouveau poste à partir du 1er septembre ». Qualifiant cette offre de « mutation disciplinaire » et précisant qu’il n’était pas au courant de cette proposition, le quinquagénaire a confié qu’il préférait une négociation de ses conditions de départ. « Si on me propose un poste, je demande un dédommagement », a-t-il ajouté.

La SNCF ajoute avoir été attaquée en 2011 devant les Prud’hommes par Charles Simon, qui estimait « que son inactivité constitue un préjudice ». Le salarié « a été débouté », et réclame désormais au groupe ferroviaire « un demi-million d’euros de dédommagement pour son inactivité », selon l’entreprise.

Alors que la SNCF estime que l’homme a juridiquement épuisé toutes ses voies de recours, son avocate Me Anne-Sophie Petit, a expliqué qu’une demande de dommages et intérêts pour sanction injustifiée était en procédure à la Cour d’appel de Paris.

Publié par Rédaction le 17/08/15

Print Friendly, PDF & Email

Articles relatifs

Cet article est taggé dans:

Par reiller, le 20/08/2015

Ah la SNCF! Mais cette organisation étatique n’est pas la seule a « hésiter » à reconnaître s’être fait voler : c’est d’après mon expérience la pratique étatique.

Par prevalain, le 23/08/2015

La SNCF étant une EPIC (ou plutôt un groupement de trois EPIC) dont l’Etat est le propriétaire, comment et pourquoi ce cas n’a-t-il pas été présenté à la Cour des Comptes?

Par reiller, le 24/08/2015

Mais parce l’objectif premier est de cacher ce sein que je ne saurais voir: l’image du service est sacrée, et qui y touche est fautif. Souvenez vous de Sea France et des efforts considérables et longs faits par la direction de l’EPIC pour cacher le problème interne. Et ne nous leurrons pas, les syndicats participent à ces enfumages et les demandent; et les média ,prudents, savent et oublient.

Par prevalain, le 24/08/2015

Nous sommes d’accord.

Par reiller, le 25/08/2015

Continuons sur l’enfumage. Un forcené a été maitrisé dans un Thalys par des voyageurs, un acteur célèbre a dénoncé l’inaction, selon lui, des agents SNCF présents, faute grave de sa part. Dès le lendemain toutes les télé.en cœur, nous ont dit le bien qu’il fallait penser de ces salariés du service public, et le président les convie aux congratulations officielles et les propose pour la légion d’honneur! N’est-ce pas merveilleux?

Par prevalain, le 25/08/2015

Le Président a convié et décoré les personnes qui sont de fait intervenues contre un sujet portant une AK-47, qui souhaitait s’en servir et, ne pouvant le faire, celle-ci étant enrayée, a tiré dans le dos du français qui s’était emparé de cette Kalashnikov… Les intervenant ont donc été un français, trois américains et un anglais: ils ont fait preuve de sang-froid. L’acteur, pour sa part, se situait en Voiture 11 alors que l’action se déroulait en Voiture 12: il n’a donc pas vu l’essentiel. Les employés qu’il a vu passer devant lui: il n’est pas encore clairement établi (à ma connaissance) s’ils étaient des Contrôleurs ou des employés du Wagon-Restauration. Une enquête interne sera certainement diligentée. D’ici là, nous ne savons pas très bien ce qu’il en est. Une chose est claire: que ce soit des contrôleurs ou des employés de Restauration, ils n’ont pas vocation à faire office de Police.

Par Jean Guy, le 26/08/2015

de l’argent gaspillé un peu partout au lieu de donner en plus à des retraité qui sont des petites retraites?de quoi à peine à vivre cela est honteux

Poster votre réaction

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.