Problèmes fiscaux à Bercy
Successeur de Jérôme Cahuzac au Budget, Bernard Cazeneuve a vite appris le métier. Le gouvernement avait prévu une hausse des recettes fiscales de 11% pour 2013; or au 30 avril, elles n’ont augmenté que de 1%.
Traduction de cette situation pour le ministre du Budget: « L’évolution globale des recettes fiscales présente un aléa baissier par rapport aux prévisions présentées dans le programme de stabilité du Parlement. » Qu’en termes délicatement technocratiques…
En fait d’ « aléa baissier« , voici les derniers chiffres de la Direction des finances publiques. Sur les 4 premiers mois de l’année, les recettes de TVA, qui représentent la moitié des ressources de l’ Etat, baissent de 2,3%. La faute, évidemment, à la chute de la consommation. Le rendement de la fiscalité sur les carburants et le fioul a fondu de 6%. La faute, cette fois, aux automobilistes et aux camions, qui roulent moins. L’ impôt sur les sociétés, malgré les nouvelles mesures votées dès l’arrivée de Hollande à l’ Elysée, ne rapporte que 1,5% de plus. Et ce alors que d’autres recettes fiscales nettes baissent de 9,8% et n’atteignent plus que 5,6 milliards d’euros, contre 6,2 milliards en 2012.
Une seul impôt a affiché un « aléa haussier« , comme dirait Cazeneuve: l’impôt sur le revenu. Les rentrées sont passées de 20,3 milliards à 22,5 milliards. Soit une hausse de 11%. Comme plus de la moitié des foyers fiscaux ne le paient pas, il est aisé de constater que ce sont surtout les classes moyennes et supérieures qui ont été frappées par les hausses de la fiscalité directe.
Au total, le déficit de l’ Etat a atteint, au 30 avril, 66,8 milliards d’euros, contre 59,9 milliards à la même date en 2012. Soit 7 milliards d’euros de mieux en 4 mois à peine. A quoi il convient d’ajouter les trous, plus élevés que prévu par le gouvernement, de l’ Unedic et de la Sécu. Pas de panique, tout va bien.
Article extrait du Canard enchaîné du 12/06/13