Le 10/12/2015

Bordeaux: La comptable de l’Opéra jugée pour avoir détourné des millions

La régisseuse-comptable comparaissait ce jeudi devant le tribunal correctionnel pour des détournements de fonds de plus de 2 millions d'euros qui ont eu lieu entre 2002 et 2012...

Source : 20 Minutes

Opéra Bordeaux

Pendant dix ans, une des employés de l’Opéra s’est servie dans la caisse. En 2012, lorsque l’affaire éclate, elle ébranle l’institution Bordelaise, subventionnée par la Ville, le Conseil régional et le ministère de la culture. Jeudi s’ouvrait le procès de Corinne Auguin, 54 ans, ancienne régisseuse comptable de l’Opéra de Bordeaux,qui est soupçonnée d’avoir détourné plus de 2 millions d’euros entre 2002 et 2012.

Son mari, chauffeur routier, comparait lui pour recel des sommes détournées. Il laissait complètement la gestion du budget de la famille entre les mains de son épouse.

« Une bataille sur les montants »

« Il y a 1,3 million d’euros bien tracé sur les 2,3 millions. Il y aura une bataille sur les montants », avertit Maître Nathalie Noël, qui défend Corinne Auguin. La destination de l’ensemble des fonds détournés n’a pas été tirée au clair et ce sera un des angles d’attaque de la Défense.

« Il n’a jamais été question pour Corinne Auguin de fuir sa responsabilité, elle doit répondre de ses actes, des actes qu’elle n’aurait jamais dû faire, et elle le sait. Mais, il faudra aussi dans cette affaire que d’autres assument leur part de responsabilité », souligne son conseil.

« La procédure permet d’établir la responsabilité des prévenus sans ambiguïté, estime de son côté Caroline Daigueperse, avocate des parties civiles, soulignant que l’étape du procès est abordée avec soulagement, après une information judiciaire longue et une affaire qui a traumatisé le personnel de l’Opéra ».

Piscine, spa et bassin aquatique

Les sommes détournées ont permis à la régisseuse d’augmenter le niveau de vie de sa famille, gâtant son mari et son fils. Le couple acquiert un terrain dans l’Entre-Deux-Mers, y fait construire une maison et l’aménage, le tout pour la coquette somme de 730.000 euros environ. Parmi les aménagements les plus luxueux, une piscine chauffée, un spa et un bassin aquatique. Ils ont aussi acheté une Mercedes et projetaient d’acquérir une Porsche Cayenne.

Elle était à la tête de la régie d’avance, munie d’un budget d’environ 3 millions d’euros annuel qui servait à payer les petites dépenses de fonctionnement, à rémunérer les artistes, les techniciens et à payer les frais de voyage et d’hébergement des artistes. Le budget global de l’Opéra de Bordeaux s’élève lui à 26 millions d’euros.

« Une interpellation salvatrice »

Ce sont les deux régisseurs suppléants qui travaillaient à ses côtés, et qui expliquent avoir été écartés de certaines tâches par leur supérieure, qui ont été alertés par des opérations suspectes et ont averti leur hiérarchie.

« Dès son placement en garde à vue, elle a reconnu les détournements, elle s’en est expliquée car pour elle, cette interpellation est apparue salvatrice, mettant un terme à la vie qu’elle s’était tricotée », estime son avocate. Après avoir minimisé les sommes au début de son interpellation, elle finira par reconnaître la quasi intégralité des faits qui lui sont reprochés

Elle commence en 2002 avec un premier chèque de 18.000 euros qui n’éveille pas les soupçons. Les sommes détournées augmentent après 2006, année durant laquelle les médecins diagnostiquent une maladie incurable à son mari.

Autoritaire et pointilleuse avec ses collègues

Elle employait deux méthodes que décrit l’ordonnance de renvoi signée par le juge d’instruction Philippe Darphin : soit elle établissait des chèques à l’ordre de son mari en imitant la signature d’un de ses comptables suppléants, soit elle prélevait des espèces dans la caisse qu’elle alimentait en retirant des fonds à la recette des finances avec le chéquier Trésor Public.

En étant intransigeante et pointilleuse avec ses collègues elle s’est placée au-dessus de tout soupçon, et a réussi à tenir à l’écart de ses agissements ses collaborateurs les plus proches.

Pour justifier les trous engendrés par les sommes qu’elle s’accaparait elle inventait des libellés fantaisistes puis les retirait du fichier qu’elle transmettait au trésorier. Néanmoins elle lui communiquait le montant total, qui comprenait les sommes détournées.

Selon les aveux de l’administrateur des finances publiques arrivé en poste en 2010, la régie gérée par Corinne Auguin n’avait jamais été contrôlée depuis sa création en 2002 alors qu’un contrôle doit avoir lieu tous les quatre ans.

La régisseuse comptable a été démise de ses fonctions le 20 avril 2012. Elle encourt 10 ans de prison et 1 million d’euros d’amende. Sa maison a déjà été saisie

Publié par Rédaction le 10/12/15

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