Subventions aux ONG : Bernard Carayon est pour la transparence
Premier outil français de contrôle des ONG, le baromètre de transparence Prometheus vient de publier son édition 2009. La fondation Prometheus est présidée par le député (UMP) du Tarn, Bernard Carayon. Interview.
Quelle est l’ampleur des subventions versées aux ONG ?
Le ministère des Affaires étrangères a versé, en 2007, plus de 56 millions d’euros à plus de 150 organisations de solidarité internationale. L’Europe, quant à elle, verse de l’ordre de un milliard d’euros de subventions aux ONG chaque année, pour l’essentiel à vocation humanitaire. Or, un devoir de transparence s’impose aujourd’hui, non seulement aux entreprises, mais aussi aux administrations publiques, contrôlées peu ou prou par le Parlement et les associations de contribuables. Les ONG jouent bien souvent la carte de la bien-pensance : elles ne peuvent pas s’exonérer de ce devoir de transparence, surtout quand elles participent, comme certaines associations de défense de l’environnement, à des processus de décision publique (comme le Grenelle de l’Environnement, NDLR).
Est-ce que des études d’impact sont réalisées avant l’attribution des subventions ?
Non. Les ONG ont l’obligation de présenter leurs comptes à leurs adhérents, mais ceux-ci n’ont pas toujours accès aux informations. Le secrétaire général de Greenpeace, très direct, a par exemple affirmé : « Greenpeace n’appartient pas à ses adhérents ». Les autres associations sont en général plutôt réceptives : certaines ont commencé à corriger la présentation de leur comptabilité et de leur gouvernance.
Les ONG liées à la défense de l’environnement sont particulièrement mal notées… Que peut-on en conclure ?
« Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père » ! Le monde des ONG est hétérogène. Ce que nous avons voulu souligner, c’est l’urgence d’une notation. Deuxièmement, la nécessité pour les ONG, surtout si elles reçoivent de l’argent de l’Etat, de l’Union européenne ou des collectivités locales, de répondre à des critères objectifs. Nous en avons distingué 10, qui sont d’ailleurs ceux que les ONG utilisent parfois elles-mêmes pour noter les entreprises qu’elles examinent. Dans certains cas, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé ! Les ONG qui donnent de grandes leçons de morale ou s’appuient sur l’opinion publique pour apparaître comme des organisations bien-pensantes ne peuvent pas s’exonérer de ce devoir de transparence.
La fondation Prometheus se définit comme un Do Tank, quelle est la différence avec un Think Tank ?
Cette appellation marque notre distinction avec les associations et formations qui sont dans la recherche universitaire. Notre spécialité est de produire des stratégies d’action, à partir d’une réflexion qui peut être conceptuelle, mais qui a vocation à être pratique. Nous travaillons à des outils concrets, voyez notre baromètre : il ne s’agit pas de critiquer le fonctionnement de telle ou telle ONG, mais de pousser la Commission européenne à produire un outil du même type. D’ailleurs elle a réagi favorablement à l’idée d’imiter le baromètre des ONG.
Propos recueillis par Jeanne Pavard. Entretien à paraître dans Le Cri du Contribuable n° 68 du 04 avril 2009
Baromètre 2009
Les bien notés : Médecins du Monde, Comité d’aide Médicale, Comité international de la Croix Rouge, European Public Health Alliance, Réseau Action Climat France.
Les bonnets d’âne : Écologie sans Frontière, Fac Verte, Fondation pour une Terre Humaine, GEORAMA GRIT, Négawatt, Objectif Bio, Pesticide Action Network Europe, Sucre Éthique, BUKO Pharma-Kampagne, Corporate Watch, France Nature Environnement, GERES, Hélio International, Pro Natura International, A SEED Europe, Objectif 21, Transnationale & Cie.
Le baromètre Prometheus 2009 de transparence des ONG
ONG : des organisations humanitaires qui ne rendent pas de comptes
Je ne vois pas pourquoi M. Carayon évoque Greenpeace dans une discussion portant sur les subventions. Greenpeace refuse les subventions publiques et les contributions d’entreprises et est financée à 100% par les dons de ses adhérents-donateurs. Cette indépendance politique et financière assure à Greenpeace une liberté totale d’expression et d’action en tout lieu et en toute circonstance. C’est peut-être ce qui déplait à l’UMP Bernard Carayon, ennemi de la bien-pensance écolo-droitdelhommiste-blabla (comprendre : ami des lobbies industriels, des pollueurs et des dictatures du tiers-monde lorsqu’elles servent les intérêts des grands groupes français).