Le 16/04/2009

Régions : des élus rois de la dépense

Régions : des élus rois de la dépense Florilège d’ambitieuses réalisations toujours plus chères que prévu. Le «Palais» des Rhône-Alpins Cher et clinquant : le nouveau siège de la région Rhône-Alpes est déjà surnommé «le Palais» par l’UMP. Au départ, les élus étaient unanimes : il fallait un bâtiment pour accueillir les 1 200 agents […]

Régions : des élus rois de la dépense

Florilège d’ambitieuses réalisations toujours plus chères que prévu.

Le «Palais» des Rhône-Alpins Cher et clinquant : le nouveau siège de la région Rhône-Alpes est déjà surnommé «le Palais» par l’UMP. Au départ, les élus étaient unanimes : il fallait un bâtiment pour accueillir les 1 200 agents régionaux qui se pressent dans des préfabriqués autour du siège actuel. En 2005, le nouveau quartier de la Confluence, sur la presqu’île de Lyon, est choisi pour qu’y soit construit le bâtiment dessiné par l’architecte Christian de Portzamparc. Le projet est estimé à 96 millions d’euros, mais la facture gonfle pour s’établir à 123,8 millions (+ 30%) en décembre dernier. Seul point que la démesure n’a pas atteint : le parking, qui n’aura que 435 places, pour 1 200 agents, sans compter les délégations des départements qui viennent régulièrement en réunion.

La chère télé du Nord-Pas-de-Calais

La liste des actionnaires est impressionnante. Jugez plutôt : La Voix du Nord, le Crédit agricole, la Caisse d’épargne, Roularta (propriétaire de L’Express), Boileau TV (Groupe NRJ), et, bientôt, une société d’économie mixte (SEM) regroupant la région Nord – Pas-de-Calais et les deux départements. Wéo, la nouvelle chaîne régionale de télévision numérique du Nord – Pas-de-Calais, a mis le paquet, avec une équipe de 35 personnes, des programmes entièrement consacrés à la région et trois mots-clés : informer, distraire, échanger. Budget annuel prévu : 3,2 millions d’euros, dont 2 millions seront à la charge de la SEM, donc de la région et des départements.
En échange de ce , Wéo produira deux programmes quotidiens pour promouvoir la vie de la région, une rubrique de cinq minutes et une émission de débats en plateau de vingt-cinq minutes.
D’autres programmes de cinquante-deux minutes doivent être diffusés une fois par mois. Ceux-ci seront coproduits par la région et par d’autres chaînes et sociétés de production locales, pour un montant supplémentaire prévu de 1 million d’euros annuels. La Voix du Nord restera le premier actionnaire, mais ce sont les collectivités locales, engagées sur trois ans, qui financeront deux tiers du . Cherchez l’erreur.

La Seine-Maritime tire sur la ligne

Dans son rapport annuel 2009, la Cour des comptes tacle sévèrement le département de Seine-Maritime, qu’elle accuse de ne pas maîtriser les charges courantes de la ligne Dieppe-Newhaven, rachetée en 1999 et toujours défi citaire : acquisition de deux navires pour un coût particulièrement élevé, grille de tarifs trop faible, rabais abusifs… «Le département cherche à optimiser la ligne et à réduire la participation publique», plaide Didier Marie, le nouveau président (PS) du département, élu en 2004.

Ile-de-France. Pour 5 centimètres…

Incompréhensible. Un appel d’offres gigantesque de 1,85 milliard d’euros, des milliers de pages décrivant très précisément ce que désire l’Ile-de-France pour son nouveau train régional et… une bourde qui pourrait coûter jusqu’à 2 milliards d’euros. La NAT, la nouvelle automotrice, dont le premier exemplaire sera livré par Bombardier en décembre prochain, aura un plancher haut. Mais les gares d’Ile-de-France ont à 85%… des quais bas. Différence entre les deux : 5 centimètres. Quasiment rien, certes. Mais une , votée en 2005, rend obligatoire l’accessibilité de plain-pied ! Résultat, il va falloir rehausser les quais. Selon La Vie du rail international, qui a révélé l’affaire, le coût, dans un premier temps, sera de 685 millions d’euros. Mais quand le Francilien circulera dans toute la région et plus seulement dans la partie nord et est du réseau, le coût atteindra les 2 milliards d’euros. Des travaux ont été lancés en urgence par RFF pour qu’au moins quatre gares soient prêtes avant décembre. D’ici à 2012, 24 gares seront mises à niveau, dont celle de Saint-Denis qui coûtera… 48 millions d’euros à elle seule.
Des associations fictives en Paca La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) pensait subventionner des associations des quartiers nord de Marseille. Elle remplissait des coquilles vides. Plus embarrassant : parmi les fondateurs de ces associations, deux figures des quartiers nord, qui ont activement mené campagne pour des élus du PS… Le régional se dit victime d’une basse escroquerie et entend poursuivre les fautifs. Pour le moment, l’enquête, initiée par Tracfin, la cellule de lutte antiblanchiment, a abouti à quatorze mises en examen. Parmi les personnes mises en cause, un salarié du régional, chargé d’instruire les demandes de . Il a été suspendu de ses fonctions par Michel Vauzelle, président de la région.

L’Hérault chérit ses archives

Pour abriter les archives, la bibliothèque départementale et l’office du sport, le président du conseil général de l’Hérault, André Vezinhet, a voulu un bâtiment prestigieux : «Je prétends que nous pouvons associer social et esthétique.»
Zaha Hadid, Prix Pritzker 2004, remporte le marché. Mais, entre 2004 et la mise en chantier en 2008, les coûts explosent : + 20%, à 125 millions d’euros. «Nous fixons des coûts d’objectifs beaucoup trop bas par rapport à la réalité des prix. Les entreprises répondent, puis présentent des avenants», justifie André Vezinhet, qui souligne aussi le bond des matières premières. Pour le département, la facture ne devrait pas dépasser 77 millions d’euros, grâce à la vente de l’actuel bâtiment qui abrite les archives, et à nombre de subventions.
Deux orchestres pour la Lorraine – La Lorraine soigne ses mélomanes. Ils ont, à Nancy, l’Orchestre symphonique et lyrique (66 musiciens); et à Metz l’Orchestre national de Lorraine (72 musiciens). Depuis plusieurs années, la chambre régionale des comptes juge qu’il y en a un de trop, car les deux villes ne sont distantes que de 60 kilomètres. Budget : 5,6 millions d’euros pour Metz, et 2,5 pour Nancy. A défaut d’entendre les préconisations de la Cour des comptes, elles tentent, depuis quelques semaines, un rapprochement artistique.
Rhône-Alpes, toujours plus loin – En Rhône-Alpes, on joue à fond la décentralisation. Jean-Philippe Bayon, vice-président délégué à la solidarité internationale et à la coopération décentralisée, voyage beaucoup. En novembre dernier, il s’est rendu au Congo-Brazzaville, au Sénégal et au Vietnam. En décembre, au Burkina Faso et au Maroc. En janvier au Laos, en février au Mali, en mars en Turquie, au Burkina-Faso et en Tunisie. «Il voyage en classe éco», précise la région, sans donner aucune indication sur le coût et les retombées de ces déplacements.

A Biarritz, la Cité du surf divague

Quand une idée semble bonne, faut-il la réaliser à tout prix ? Lorsqu’en 2004 Didier Borotra, le maire UMP de Biarritz, propose une «Cité du surf» , cela semble logique pour la ville qui a lancé ce sport en Europe il y a cinquante ans. Le budget est alors estimé à 8,3 millions d’euros. En 2005, suite à un appel d’offres, l’architecte américain Steven Holl, «à la renommée universelle», selon la mairie, est choisi. Le coût est réévalué à 11,5 millions. En 2007, le projet prend de l’ampleur : tant qu’on y est, le musée de la Mer sera agrandi, et l’ensemble constituera «Biarritz Océan». Le coût dépasse les 30 millions d’euros.
Pour le financement, la mairie pense alors à un partenariat public-privé (PPP), remporté par Vinci et Dexia en juillet 2008. Résultat, la commune remboursera 2,2 millions d’euros par an pendant trente ans, soit 66,6 millions au total pour une ville de 27 000 habitants. L’opposition, de droite comme de gauche, estime le déficit annuel chronique à 3 millions d’euros et a déposé un recours au tribunal administratif. Qu’y aura-t-il dans cette incroyable Cité du surf et de l’océan ? «C’est en cours d’élaboration», affirme la mairie, qui parle d’espace «ludo-scientifique». Les travaux ont débuté en décembre. Ouverture prévue en 2010.
Guerre des bornes à Perpignan – «Bienvenue sur une route départementale» : cet hiver, 52 bornes portant ce message très visible ont été installées par le conseil général des Pyrénées-Orientales dans Perpignan et ses alentours. Coût : 26 000 euros – 500 euros la pièce. Pourquoi ne pas avoir utilisé des bornes à 220 euros, comme les 2 100 autres du département ? Parce que le président (PS) du conseil général estime que le maire (UMP) de Perpignan entretient mal ses routes, et veut le démontrer. D’autant que des élections municipales auront lieu en juin, si le conseil d’Etat juge les précédentes frauduleuses.

Sur la Loire, le canard se dégonfle

Estuaire se veut une grande manifestation d’art contemporain, avec des installations entre Nantes et Saint-Nazaire. Mais, pendant l’édition 2007, le canard gonflable de 19 mètres, oeuvre de Florentijn Hofman, est resté dégonflé la majeure partie de la manifestation, qui était prise en charge à hauteur de 4 millions d’euros par les collectivités locales. Les organisateurs ont réclamé devant la le remboursement des frais d’entretien, et des dommages et intérêts.

En Gironde, l’hôtel prend de l’ampleur

Plus le temps passe, plus les compétences des départements s’élargissent. Alors, pour s’acquitter de leurs nouvelles tâches, les départements recrutent, et, pour héberger leurs nouvelles équipes, ils ont besoin, bien évidemment, de nouveaux locaux. Dans un premier temps, ils les louent, puis, pour rationaliser les coûts, ils en font l’acquisition.
Le conseil général de la Gironde ne fait pas exception et s’est donc offert une belle extension de l’hôtel de département, de haute qualité environnementale. Le montant des travaux est lui aussi à la hauteur : 53,4 millions d’euros TTC.
Pour justifier cette décision, le conseil général fait valoir qu’étalé sur vingt-cinq ans, l’achat revient moins cher que la location de tous les bureaux utilisés jusque-là. Et que ses équipes ne sont plus éparpillées dans sept immeubles mais dans quatre, proches les uns des autres. Seul hic, depuis la pose de la première pierre en 2006, d’autres transferts de compétences ont eu lieu. Avant même d’être livrés en totalité, les locaux sont déjà trop petits.

Source: challenges.fr

Publié par Rédaction le 16/04/09

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