« 98% des Français ne s’intéressent pas à la langue arabe ni au berbère ». C’est ainsi que le préfet Francis Vuibert, délégué pour l’égalité des chances, justifie le refus de subventionner des associations culturelles de la région Rhône-Alpes :

Gertrude II, Awal Grand Lyon et la Nième Compagnie. Selon lyoncapitale.fr, ces subventions représentaient un tiers de leur budget.

Les associations Gertrude II et Awal Grand Lyon cherchent à promouvoir la langue et la culture berbère au travers de projets artistiques. Awal Grand Lyon, née en 1991, compte 250 adhérents. Elle se définit comme une « association franco-berbère d’action culturelle, socio-éducative et citoyenne ».

Le projet de Gertrude II retoqué par la Préfecture est celui-ci : balader dans divers territoires des « Gaada sous la tente », tentes sérigraphiées d’extraits de poésie d’amour en français, en arabe et en berbère et abritant des livres de poésie dans les trois langues.

La Nième Compagnie, de Vaulx en Velin, travaille sur un spectacle sur la guerre d’Algérie, « Les Oubliés ».

La subvention aurait dû provenir du Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CLUCS). Une enveloppe de 1,2 million d’euros qui finance une centaine de projets culturels.

Quelque temps avant d’apprendre le refus de subvention, un agent des renseignements généraux avait rendu visite à la compagnie pour confirmer qu’elle travaillait sur le thème de la guerre d’Algérie.

Ces associations continuent par ailleurs de toucher de la région Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon :

• Awal Grand Lyon : 59 946 € en 2007 de la Ville de Lyon, 54 745, 12 € en 2008 ; 11 000 € de la région en 2008.
  
• Najat Belkacem, adjointe au maire de Lyon et conseillère générale avait d’ailleurs ouvert l’Hôtel de ville à Awal Grand Lyon, en janvier 2009, à l’occasion du nouvel an berbère .
• Gertrude II : 20 000 € en 2007 de la Ville de Lyon, 20 000 € en 2008 ; 40 000 € de la région en 2008.
• La Nième Compagnie : aides en nature de la Ville de Lyon par la mise à disposition de locaux, évaluée à 2 563,00 € en 2007 et 25 000 € en 2008.

Les autres arguments du préfet délégué :

• « L’instruction des dossiers se fait sur des fiches actions rédigées par les porteurs de projets. (…) Il apparaît que ces fiches étaient imprécises, pas claires, voire muettes sur les actions d’insertion qui ont vocation à être défendues pour être éligibles à ces crédits ».
• « Soutenir de telles associations obligerait la Préfecture à financer des associations communautaristes ».
• « Promouvoir la langue berbère n’est pas compatible avec l’intégration par la langue de français d’origines étrangères, souhaitée par l’ État ».
• Pour Gertrude II, le projet culturel ne rentrait pas dans les crédits de la ville mais dans ceux de l’Europe.

Le préfet Vuibert est également à l’origine de la rupture de convention triennale entre l’ État et Axès Libre, une association de réinsertion des prisonniers lyonnais fondée par Eric Jayat, ancien détenu. Francis Vuibert avait choisi de ne pas renouveler les subventions.

Source : Observatoire avec lyoncapitale.fr et libelyon.fr

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