Gaspillage d’argent public à Lyon : les cadeaux des collectivités locales au club de l’OL
Les cadeaux des collectivités locales au club de foot de l’ OL-Olympique Lyonnais sont monnaie courante depuis le premier titre de champion de France du club. En atteste le rapport d’observation de la Chambre régionale des comptes (CRC), qui appelle les protagonistes à faire preuve de plus de transparence.
Un club richissime
Quoi de plus normal que de l’argent public dépensé dans une société privée ? C’est en quelque sorte la question posée par la Chambre régionale des comptes à la Ville de Lyon, au Grand Lyon, au Département, à la Région… et à l’Olympique Lyonnais qui, en tout bien tout honneur, ne fait qu’encaisser les deniers publics. La loi le permet, la morale du contribuable un peu moins.
L’OL Groupe n’est pas la holding la plus à plaindre : en 2006, elle enregistrait un chiffre d’affaires de plus de 166 millions d’euros, pour un bénéfice net de 15,9 millions d’euros.
De plus, l’OL est le premier club sportif français à être coté en bourse, ce qui lui a permis d’augmenter ses fonds propres de plus de 96 millions d’euros dans la perspective de financé un nouveau stade (à Décines ?) dont il serait propriétaire. Une perte de 10% du chiffre d’affaires en 2008, en raison des mauvaises performances du club professionnel, ne risque pas de mener le groupe à la faillite.
Des aides contraires à l’intérêt général
Pourtant, les collectivités locales semblent s’inquiéter de la santé financière du club.
Alors chacun y va de son « petit » cadeau. La Ville ne va demander que 600 000 euros au club au titre de la mise à disposition du stade de Gerland ce qui, selon la CRC, est « non proportionnel aux avantages qu’elle retire de cet équipement, ni aux charges de fonctionnement, de maintenance et d’amortissement que supporte la collectivité publique ».
Quant au loyer pour occupation de l’espace public, l’OL devrait fournir 39 000 € à la Ville ; il en paye à peine la moitié, 15 000 euros. La Société anonyme sportive professionnelle (SASP) OL bénéficie aussi de minorations de charges d’exploitation à hauteur de 2 millions d’euros.
Par ailleurs, la Ville et le Grand Lyon ont débloqué une enveloppe de 984 000 euros, au cours de la saison 2005-2006, au titre des missions d’intérêt général. Celles-ci correspondent aux subventions fournies au club pour les manifestations sportives et culturelles. Seules ces deux instances sont habilitées à concourir à ce type d’actions.
Néanmoins, en 2003-2004, le Département votait une subvention exceptionnelle de 522 800 euros pour l’achat d’écrans géants. Quel est l’intérêt général, sinon celui des spectateurs de voir les ralentis ?
Achat de places et d’abonnements
En 2005-2006 toujours, l’OL a perçu 2,7 millions d’euros de la part de la Ville, du Grand Lyon, du Département et de la Région, après la vente de prestations telles que l’achat d’espaces publicitaires, de places et d’abonnements de matchs.
La Ville a acheté pour 376 000 euros de places et d’abonnements au profit de clubs amateurs et d’associations sportives, mais aussi d’agents municipaux. La saison suivante, les dépenses en places et abonnements sont passées à plus de 500 000 euros.
Pour sa part, le Grand Lyon a passé un marché pour la location de 18 loges dans le stade de Gerland avec la société Sportfive (filiale du groupe Lagardère) pour un montant de 101 520 euros.
Le Département achète 3 500 abonnements et 3 000 places en moyenne chaque année. « Les abonnements restent le plus souvent dans les placards des collectivités », confie notre source.
C’est l’un des points que la Chambre régionale des comptes souhaite mettre en lumière, car aucune collectivité n’a pu, jusqu’à présent, justifier avec exactitude la destination de ces places et abonnements. La ville de Lyon avait promis d’établir un listing nominatif pour fin 2008, ce qui ne semble pas avoir été fait.
Des subventions illégales ?
La loi précise : « les concours financiers des collectivités locales dans des structures sportives peuvent prendre la forme de subventions pour des missions d’intérêt général dans la limite de 2,3 millions d’euros par saison et/ou l’achat de prestations telles que l’acquisition de places de matchs, d’espaces publicitaires ou l’apposition du logo de la collectivité sans dépasser la valeur de 1,6 million d’euros, dans la limite de 30% du chiffre d’affaires ».
Or, chaque année, le volume des concours financiers apportés par les collectivités locales à l’OL s’élèvent à 5 millions d’euros minimum. Autant d’argent public qui aurait pu servir des initiatives sociales, citoyennes et solidaires.
Source : lyonmag.com (24/09/09)
Pour en savoir plus :
Pitié pour les contribuables lyonnais, Monsieur le maire