Ryanair exige encore plus de subventions
En six ans, le syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers a versé presque 3 millions d’euros à Ryanair. La compagnie irlandaise, principal exploitant, exige une rallonge budgétaire d’un million d’euros. Et annonce 380 millions de bénéfices au premier semestre 2009.
Les contribuables de Poitiers, d’Angoulême ou de Cognac vont-ils engraisser l’actionnariat de Ryanair ? Depuis le début du mois, le transporteur irlandais met la pression sur les aéroports de la région, en imposant à leurs gestionnaires de revoir à la hausse leur participation financière pour 2010, sous forme de « contribution marketing ». Après Poitiers (1 million d’euros exigés), Ryanair a toqué à la porte d’Angoulême (rallonge de 225.000 € réclamée), La Rochelle, Limoges… En menaçant de rayer les contestataires de sa carte européenne.
Au même moment, la jeune compagnie créée en 1985 publie ses résultats 2009. Pas de signaux dans le rouge, qui auraient pu expliquer le racket exercé sur les collectivités. Mais une santé excellente, comme vient de la confirmer son PD-G, le fantasque Michael O’Leary : « Plus de 380 millions d’euros [de bénéfices] entre avril et septembre 2009, une belle performance alors que le secteur aérien est touché de plein fouet par la crise économique ». Les actionnaires se frottent les mains ; pour la première fois, ils devraient récolter d’importants dividendes, répartis jusqu’en 2012.
Ce stratagème en agace plus d’un. Les élus de la CAP ont « refusé de céder au diktat ». Le syndicat mixte de l’aéroport (qui regroupe l’agglomération, la CCI et le département) a décidé de ne pas céder à la requête de Ryanair. Seul le conseil général s’est couché, en proposant d’augmenter cette subvention déguisée de 284.000 €.
A Angoulême, l’homologue de Claude Bertaud, Michel Boutant, part lui en croisade contre des « pratiques de flibustier », et a envoyé un courrier à tous les départements de France travaillant avec Ryanair.
De son côté, la compagnie prépare l’avenir, en évitant soigneusement les villes réticentes. Ainsi, deux lignes seront ouvertes à Bordeaux début 2010. La première desservira Porto, destination attribuée à Tours le 4 septembre dernier. La seconde reliera la capitale girondine à Edimbourg, liaison jusque-là exclusivement assurée depuis Poitiers dans l’Ouest. Ou comment instaurer une logique de concurrence entre aéroports.
Cette situation pourrait coûter cher à Poitiers-Biard. Aujourd’hui, aucune autre compagnie ne semble s’intéresser à lui. Le Britannique Flybe, autre low cost, a jeté son dévolu sur La Rochelle et Limoges. Se reposer sur Airlinair, qui dessert Lyon, est impossible : son activité pèse 9 % dans l’ensemble du trafic de l’aéroport. Cruel dilemme.
source: la Nouvelle Republique